lundi 22 juin 2009

Rémanences


Rémanences est un recueil de nouvelles fantastiques, inspirées par mes lectures des grands noms du genre, Lovecraft biensûr, mais également Derleth, Machen et bien d'autres. Ce sont des oeuvres beaucoup plus spontanées que travaillées. Des oeuvres de jeunesse, pleines d'imperfections et de naïveté. Je ne les ai jamais retouchées, elles ont été écrites sous l'impulsion du moment, et je les aime ainsi, parce qu'elles me touchent encore dans leur caractère imparfait. Des originaux intacts, vierges de toute tentative d'amélioration qui aurait altéré leur émotionnalité.


Le Trépas (1993) : Ma toute première tentative dans l'art délicat de la nouvelle, elle s'inspire essentiellement d'un été passé sur le Mont St Michel, et du Horla de Maupassant... enfin, avant de partir totalement en vrille.
Elle est restée en suspen pendant un an et demi après le premier chapitre. Jusqu'à ce qu'un copain pour plaisanter ouvre le fichier, en suprime quelques dizaines de lignes à gauche à droite, et fasse semblant d'enregistrer avant de refermer word. A ceci près que cette andouille de première s'est foiré et a vraiment enregistré sa connerie. Et bien sûr, pas d'autres copies existantes du Trépas. Ca m'a tellement énervé qu'après m'être assuré qu'il respirait encore suite à mon mouvement d'humeur immédiat, j'ai réécrit tous les passages tronqués, j'ai bouclé la nouvelle, et j'en ai pondu une autre derrière. Juju, mon inestimable boulet, sois en finalement remercié...

L'Ombre des Sphynxs (1993) : Ma seconde nouvelle donc, celle qui a été écrite immédiatement après la fin du Trépas. Entre temps j'avais appris que lorsqu'on bosse sur PC il vaut mieux avoir des copies de tout dans tous les coins (surtout quand on se complait dans le voisinage de ceux qui associent adroitement crétinisme et maladresse ^^), qu'à moins de s'appeler Proust enchaîner les phrases d'une demie douzaine de lignes n'est pas vraiment conseillé, et qu'à défaut d'avoir un plan sur papier il vaut mieux avoir une idée assez nette de ce qu'on veut écrire pour espérer retomber sur ses pieds à la fin.
Après Maupassant je suis passé à celui qui devait devenir l'un de mes auteurs fétiches, à savoir Howard Phillips Lovecraft. L'Ombre des Sphynxs est une sorte de remake de The Haunter of the Dark (Celui qui Hantait les Ténèbres). Sans reprendre véritablement la nouvelle de Lovecraft, mon écrit s'appuie sur des rouages similaires, sans doute en raison de mon manque d'expérience dans ce genre d'exercice. La trame ne reflète pas une originalité démentielle, les émotions s'appuient sur des moyens un peu faciles, l'essentiel ayant été pour moi de recoller du mieux que je pouvais à l'ambiance de l'oeuvre de Lovecraft. Avec le recul, je dirais que ça ne casse pas des briques mais que je ne m'en suis pas trop mal tiré

Laissez se Retirer la Mer (1995) : Ma mieux que j'aime le plus bien ^^. Nan sans rire, c'est sans doute celle de mes nouvelles à laquelle je suis le plus attaché, tout simplement parce qu'elle me met autant en vrac quand je la relis que quand je l'ai écrite. Autant que je m'en souvienne, elle m'a été plus ou moins inspirée par The Deep Ones (Ceux des Profondeurs) de James Wade, l'un des nombreux auteurs ayant repris les mythes de Lovecraft.
C'est en écrivant Laissez se Retirer la Mer que j'ai compris qu'on pouvait décliner à l'infini les nuances de l'horreur dans une nouvelle fantastique. Ici je l'ai associée à la tristesse et à l'amertume. Des sentiments qui m'avaient beaucoup marqué quand j'étais môme et que j'écoutais la version livre-cassette du Vieil Homme et la Mer d'Hemingway racontée par Arnaud Bédouet (pas réussi à la retrouver dans le commerce mais j'ai toujours les bonnes vieilles cassettes et suis encore limite à chialer quand je les réécoute). Enfin voilà, toujours est-il que ma petite nouvelle sans prétention, même maintenant elle me retourne le ventre jusqu'à la luette...

Le Seuil Emmuré (1996) : Je l'aime bien celle-là aussi, pas forcément pour les mêmes raisons que la précédente. Disons que je suis assez fier de la façon dont je l'ai construite. Le Seuil Emmuré reprend un grand nombre d'éléments classique dans l'oeuvre de Lovecraft. Déjà la forme, comme un certain nombre de ses nouvelles, celle-ci s'articule autour d'une simple conversation, entre un chercheur réputé et un autre plus mystérieux mais d'avantage averti. Elle joue sur une certaine ambiguïté en s'appuyant sur des références culturelles et historiques totalement véridiques qui contrebalancent presque équitablement la partie fictive. Ajoutez à cela le thème de l'Egypte souvent repris par Lovecraft et un crescendo très progressif dans la révélation du fantastique, et vous obtenez une composition qui est presque un classique du genre. Ben voilà, le Seuil Emmuré c'est ça et c'est pour ça que j'en suis très content même si cette nouvelle pêche un peu du coté du style.

La Verte Concupiscence (1998) : Ma dernière nouvelle, sans doute la plus aboutie du point de vue du schéma narratif. Elle se voulait le contrepoids du Seuil Emmuré, qui lui mêlait horreur et réalisme, en proposant une association de l'imaginaire et du fantastique. La Verte Concupiscence est le résultat de trois sources d'inspiration, dont la plus claire est la nouvelle de The Green Meadow (la Verte Prairie) de Theobalt Jr. et Berkeley. Les deux autres reposent sur de très vagues souvenirs, l'un autour d'une nouvelle de Poe ou d'Hitchcock dont le titre m'échappe aujourd'hui, mettant en scène des naufragés qui mangeaient des champignons avant de se désagréger eux-mêmes en d'autres champignons, l'autre de fugitives images aperçues quand j'étais gosse d'un film dont je n'ai jamais connu le titre, avec une femme terrifiée par une simple couleur qu'elle avait vue sur les murs d'un puits.
La Verte Concupiscence reprend elle aussi beaucoup d'éléments classiques de la prose de Lovecraft : le genre épistolaire, la lettre servant de prétexte à une confession, ainsi que l'évocation de "livres noirs" fictifs ou réels et la confusion rêve/réalité. Et toujours ce glissement progressif qui part de la simple curiosité vis à vis de quelque chose d'étrange pour tomber peu à peu dans l'horreur insoutenable.

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